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La Bible surréaliste de Gisèle Prassinos

La B.D des images pieuses.

 

La bande dessinée a un ancêtre fameux: l'art sacré. Des générations de peintres illustres ou populaires ont

raconté en images une unique histoire: celle de la Bible. Les artistes contemporains ne se sont pas privés

de la continuer, le plus souvent de manière provocatrice.

Gisèle Prassinos est la seule à en faire pendant vingt ans l'objet d'inspiration de son œuvre plastique,

séries de tentures reprenant les scènes de l'art religieux...

D'une façon absolument originale qui nous met devant l'évidence: cette histoire nous concerne tous en tant qu'histoire de nos origines, de notre famille sacrée: Notre Père qui êtes aux cieux… "restez-y" a dit Prévert. L'œuvre de Gisèle Prassinos nous montre qu'il ne peut en être ainsi.

 

 

Notre Sainte Famille.

 

Nous voilà, dans la lignée de nos ancêtres, suivant d'une représentation à l'autre la recomposition des modèles bibliques de parenté qui conditionnent nos identités sexuées. Gisèle Prassinos  reprend les moments essentiels tirés des Ecritures et de la Légende Dorée.

 

Revus et corrigés par un humour à la fois tendre et décapant sous des dehors naïfs et respectueux, ils deviennent irrésistibles. Le plaisir du spectateur égale la jubilation de l'artiste. La spontanéité ludique est contagieuse: Gisèle Prassinos, poète reconnu à l'âge de 14 ans par le groupe d'André Breton pour ses textes automatiques et auteur de romans, nouvelles et poèmes, dessine, fabrique des bonshommes de bric et de broc en même temps qu'elle se met à confectionner, de 1967 à 1988, des tentures en tissus et feutrine. Son sujet favori, la Bible, s'inscrit dans le travail de l'œuvre entier sur la filiation, elle qui est née à Istanboul, dans une famille grecque exilée en France où la transmission des choses de l'esprit se faisait naturellement du père au fils, en l'occurrence le frère, le futur peintre Mario Prassinos. Chercher sa place et notamment sa place d'artiste pour la fille, c'est forcément interroger l'ordre familial. Sans révolte, dans une lente et complexe maturation où dévotion envers les siens et humour libérateur sont étroitement imbriqués. L'humour domine la production des tentures: elle les qualifie 'd'artisanat", les situant du côté ludique des jeux créatifs d'enfant avec son frère où elle a appris leur profonde complicité dans le royaume merveilleux de l'art. Elle ose pourtant s'y emparer des sujets de la peinture d'histoire, les grandes figures masculines des patriarches, prophètes, saints et féminines, d'un côté la Vierge, de l'autre les éternelles coupables.      

 

Le commentaire se propose, tenture après tenture, de dégager la profonde cohérence de ces images, comparaisons avec l'iconographie traditionnelle à l'appui, en essayant de ne pas en ternir le ton, d'humour triomphant habillé de couleurs chatoyantes.

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